Une bouche sans personne (2016)

Marchand Gilles

Un comptable se réfugie la journée dans ses chiffres et la nuit dans un bar où il retrouve depuis dix ans les mêmes amis. Le visage protégé par une écharpe, on ne sait rien de son passé. Pourtant, un soir, il est obligé de se dévoiler. Tous découvrent qu’il a été défiguré. Par qui, par quoi? Il commence à raconter son histoire à ses amis et à quelques habitués présents ce soir-là. Il recommence le soir suivant. Et le soir d’après. Et encore. Chaque fois, les clients du café sont plus nombreux et écoutent son histoire comme s’ils assistaient à un véritable spectacle. Et, lui qui s’accrochait à ses habitudes pour mieux s’oublier, voit ses certitudes se fissurer et son quotidien se dérégler. Il jette un nouveau regard sur sa vie professionnelle et la vie de son immeuble qui semblent tout droit sortis de l’esprit fantasque de ce grand-père qui l’avait jusque-là si bien protégé du traumatisme de son enfance.

A propos de l'auteur :

Marchand Gilles :

Gilles Marchand est né en 1976 à Bordeaux. Il a notamment écrit Dans l’attente d’une réponse favorable (24 lettres de motivation) et coécrit Le Roman de Bolaño avec Eric Bonnargent. Une bouche sans personne est son premier roman

La maison d'édition :

Aux forges de Vulcain :

Les Editions Aux forges de Vulcain sont nées en 2010. Elles publient des romans, des essais, des études, des livres d'art, des livres numériques, d'ici et d'ailleurs.

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  • tlivres
    6 décembre 2016

    immense coup de cœur, de ceux qui sont parfois difficiles à présenter. Il convient d’être à la hauteur du talent de l’écrivain… malgré la pression, je me lance ! Tout d’abord, j’ai été subjuguée par la place donnée aux histoires en général. Il y a celles racontées par le grand-père tout au long de l’enfance du narrateur, de celles qui permettent d’oublier sa condition pour s’offrir de nouveaux horizons, de celles qui construisent des êtres humains. Et puis, il y a les histoires qu’à son tour le narrateur prend l’habitude de conter dans ce bar devenu un peu sa maison. Chaque soir, il dévoile un peu plus de son passé devant un public fidèle et captivé. Avec ce magnifique roman, Gilles MARCHAND nous fait prendre conscience du pouvoir de l’imaginaire, tant pour le conteur lui-même que pour celles et ceux qui écoutent les histoires. Chacun en retire un bien-être lié à sa culture, son éducation, son statut dans la société, son âge… Vous vous posez certainement la question du rôle du grand-père dans la vie de cet homme. Pourquoi est-ce lui qui raconte les histoires justement ? Nous pourrions imaginer que ça soit la mère, ou bien le père. Mais là, c’est justement toute une histoire, de celle d’une famille qui vient côtoyer celle d’un pays, cette histoire avec un grand H. Je ne vous donnerai pas d’indice parce qu’il s’agit du charme de ce roman que d’appâter pour ne dévoiler l’épisode en question que dans les toutes dernières pages et avec une force ô combien magistrale. En fait, ce roman en assure la mémoire pour qu’elle ne soit pas oubliée ni reproduite ! La citation empruntée au roman « La conscience de Zeno » d’Italo SVEVO : Les choses que tout le monde ignore et qui ne laissent pas de traces n'existent pas. illustre parfaitement la démarche de l’écrivain. Ce roman aborde aussi le sujet de la différence. Vous savez, celle qui fait que les regards se retournent sur vos pas ! Il y a les regards d’adultes, mais aussi ceux des enfants. Et ceux-là, ils sont aussi violents que spontanés. Alors, quand vous allez à l’école et que vous ne côtoyez que des enfants, imaginez un peu ce qu’un individu peut endurer. Et bien, si vous ne le soupçonnez pas encore, Gilles MARCHAND nous en dresse un portrait ô combien douloureux et qui peut permettre de nous éclairer sur des comportements que l’on peut avoir, dans la vie, mine de rien, mais qui laissent des traces indélébiles dans l’esprit de ceux qui en sont victimes. C’est aussi un roman qui aborde la solitude. Tous ces compagnons de bar partagent la même situation personnelle. Ils y viennent pour passer un bon moment, « en famille », avec les habitués, de ceux qui donnent des repères, rythment les journées. Il évoque aussi l’amitié et les relations qui se tissent entre des individus. Une fois n’est pas coutume d’ailleurs, je trouve que l’image de couverture est tout à fait représentative de ces vies qui lentement se tricotent, se nourrissent les unes des autres, allez savoir sur quoi... Ces parcours de vie justement, que seraient-ils sans les souvenirs ? Il y en a de bons, et puis il y a les autres, les mauvais, souvent cachés pour prendre la dimension de secrets. Dans ce domaine, le roman de Gilles MARCHAND est haut en couleur. Le narrateur ploie sous le poids d’un terrible secret. Ce roman aurait pu être plombant et rapidement devenir insupportable mais il n’en est rien. Tout simplement parce que Gilles MARCHAND sait aussi lui donner un peu de légèreté avec des situations loufoques comme celle des sacs d’ordures ménagères amoncelés devant la copropriété du narrateur au point de l’obliger à creuser un tunnel pour pouvoir accéder à son propre logement. J’avoue que l’affaire de la fontaine à eau au travail m’a aussi beaucoup fait rire. Il est rare de rencontrer des écrivains qui sachent dans un même roman jouer avec les 2 registres, c’est là certainement la preuve d’un immense talent. Enfin, je voudrais saluer la qualité de la plume de cet écrivain. Je ne sais pas si j’ai encore glané autant de citations pour noircir mes petits carnets. J’ai noté des dizaines de belles phrases aux résonances émouvantes et dont les mots sont d’une grande sensibilité. Clairement, je l’ai adorée. Vous comprendrez qu’en choisir soit rapidement devenu une torture. Ce livre, il faut le lire, ABSOLUMENT !

  • Sarafina Pipicella
    9 février 2017

    Belle ecriture, Ce que je trouve très interessant est sa facon de reprendre les petit fait quotidien de tous les jours de tout le monde et de les traiter comme s'il se traiter d'un autre monde inconnu..