« Parfois, je rêve, je me vois donnant des coups de pinceau, le sang me monte aux yeux, je reprends du poil de la bête, je saccage les verts, laisse tomber des chapes de bleus sur la toile. Je suis alors aux anges, au milieu des tubes, je patauge au milieu des flaques de couleurs, et l’homme qui est à côté sans y être ne devient plus qu’un lointain souvenir, un feu follet, un crissement sur le grain de la toile. »
Ce roman est le portrait d’Edward Hopper à travers les yeux de sa femme, elle aussi artiste. Josephine réalise le constat sans concession d’une existence emmurée à l’ombre d’un homme pour lequel elle a tout sacrifié. Cet amant qui n’a cessé de s’éloigner, elle ne l’a retenu qu’en devenant son modèle, et finalement toutes les femmes à la fois, à défaut d’être la sienne.
L’histoire magnifique et cruelle de ce couple est portée par une langue lumineuse, habitée, qui permet d’explorer la profondeur et l’ambivalence des sentiments.
- - Année de publication : 2023
- - Pages : 240
- - Éditeur : Gallimard
- - Langue : Français
Récit adressé à TU (le peintre Edward Hopper) et rédigé par celle qui fût sa femme et son modèle. Lui, tyran et elle, soumise. Cruel autant que bouleversant de découvrir cette frustration et abnégation sur de si nombreuses années. Mais Hopper n’est qu’un prétexte et j’ai bien du mal à rentrer dans ce récit dans lequel l’auteur dévie trop souvent du sujet qui pourtant semble le préoccuper. S’installe de ce fait une réelle distance, qui ressemble d’ailleurs étrangement à celle que l’on peut ressentir en regardant certains tableaux de Hopper. Faut-il aller chercher dans cette ambiguïté la réussite de ce roman ?
Étant moi-même une grande estimatrice des tableaux d’Edward Hopper, j’avais hâte de lire ce roman qui proposait un portrait du peintre à travers les yeux de sa femme. Je ne m’attendais pas qu’à des fleurs, bien entendu, mais pas à cela non plus: une longue longue plainte, un procès à charge de la part de cette femme insatisfaite et frustrée, détestant et jalousant le succès de son mari. Le tout dans une écriture, à mon avis, très pénible… Je ne sais pas si M. Santiso n’a fait que relater le contenu des carnets intimes retrouvés en 2016 ou si son livre est le fruit de son imagination, mais si Mme Hopper était vraiment la plaie qui ressort de ce roman…et bien, je plains M. Hopper !