« Hier rien et le lendemain, ils affluaient comme des abeilles affolées par un rayon de miel. Ils bourdonnaient en un essaim toujours plus gros, s’activant à défigurer la terre, perforer l’immensité à coups de pioche. »
Entendez dans ce roman choral les voix oubliées de la conquête de l’Ouest : Eleanor, la prostituée qui attend l’heure de la justice ; Kinta, l’indigène qui s’émancipe de son clan ; Morgan, l’orpailleur fou défendant sa concession au péril de sa vie. Par delà les montagnes, arpentez les champs de bataille avec Mary ; suivez la traque de Bloody Horse, et rêvez de la liberté sauvage avec Rebecca. Parmi les colons et les exilés, vous croiserez sûrement la route du Déserteur, et une fois imprégnés de la véritable histoire de l’Ouest, le Bonimenteur vous apportera votre consolation contre quelques pièces. À travers une fresque puissante et tragique, Bénédicte Dupré la Tour nous offre un premier roman où s’entrechoquent des vies minuscules emportées par le mouvement furieux des ruées vers l’or.
Avec Terres Promises, Bénédicte Dupré la Tour nous montre la cicatrice que portent encore les corps, l’Histoire et la face du monde.
Excellent récit, tant sur le plan de l'intrigue que de l'écriture. Bien que situé dans un siècle lointain et un continent étranger, le récit pose des questions qui entrent en résonance avec notre actualité : l'avidité, la violence exercée sur les femmes, le rejet de l'altérité. Un petit éditeur bien éclairé.
J'ai oublié d'indiquer les étoiles dans mon commentaire : 5/5 évidemment !
Mon premier sentiment a été "non pas un livre pour moi", au regard de mon peu d’intérêt pour les westerns et le genre en général. Et bien j'avais bien tort ! Bénédicte Dupré la Tour nous offre un premier roman puissant, qui plonge le lecteur dans la conquête de l’Ouest et la ruée vers l’or, sans jamais utiliser le champs lexical du western, alors que tous les ingrédients sont là : les indiens, les visages pâles, les cow-boys, les étendues sauvages, le shérif, le saloon, la fille de joie, les orpailleurs… Un magnifique roman choral, où chaque histoire révèle une vie entière, celle de Eleanor, la prostituée, de Kinta, l’indigène, de Morgan, l’orpailleur, de Mary, l’infirmière sur les champs de bataille, de Eliott, le déserteur… Au fur et à mesure du roman, le lecteur comprend que toutes sont liées les unes aux autres. Une fresque d’une grande richesse, à l’écriture incroyablement ciselée et immersive. Gros coup de coeur pour ce premier roman ♥️
Chaque chapitre est construit comme une nouvelle. Un personnage secondaire d’un chapitre devient le personnage principal d’un autre chapitre. C’est bien écrit, l’autrice, scénariste, sait incontestablement écrire, on est tout de suite dans l’ambiance, on ressent parfaitement les émotions des personnages. La sexualité des femmes, qu’elles soient prostituées, mariées, caucasiennes ou indiennes revient au même, échanger l’accès libre à leur vagin contre le gite et le couvert, c’est sordidement réaliste. L’ensemble est sombre, sans espoir mais bien écrit.
Il s'agit d'un roman choral : de courts chapitres décrivent la vie de différents personnages dans l'Amérique du 19eme siècle où, dans l'ouest, on cherche à s'établir dans une nature très sauvage. Chaque chapitre est suivi d'une courte "pause" où s'exprime un personnage qui devient le fil conducteur. Atmosphère très lourde : nature hostile, sentiments violents, mort omniprésente, rien ne nous est épargné. Ames sensibles, s'abstenir. Premier roman abouti, langue très "soignée".
Il s'agit d'un roman choral : de courts chapitres décrivent la vie de différents personnages dans l'Amérique du 19ème siècle, où, dans l'ouest, on cherche à s'établir dans une nature très sauvage. Chaque chapitre est suivi d'une courte pause où s'exprime un personnage qui devient le fil conducteur. Atmosphère très lourde : nature hostile, sentiments violents, mort omniprésente, rien ne nous est épargné. Ames sensibles, s'abstenir... Premier roman abouti, langue très soignée.
L’auteur s’attaque avec panache au mythe fondateur des Etats Unis de la Conquête de l’Ouest et de la Ruée vers l’Or, construit sur le dos des peuples indigènes mais aussi sur la souffrance des colons. Ce roman choral donne la version terrible et jusque là étouffée des petites gens qui en ont été les chevilles ouvrières portés par un rêve plus grand qu’eux. On découvre comment de pauvres exilés d’Europe ont quitté leur misère, nourris de l’espoir fou d’une vie meilleure, dans un pays neuf qu’ils croyaient vierge. La traversée d’Est en Ouest va se révéler une épreuve épouvantable, elle sera jonchée de morts, de souffrances, de peurs dans une nature sauvage et imprévisible. Le sort des femmes est le plus tragique : objet de convoitises sordides, esclaves domestiques, individus de second ordre, elles enfantent souvent le malheur. Le souffle épique de ce roman est porté par un style flamboyant, imagé, cru n’esquivant aucune cruauté ni violence. On découvre à notre tour un nouveau monde loin des westerns de notre enfance, Passionnant de bout en bout, cette fresque sociale et féministe restera gravé dans ma mémoire.
2 lectrices dont une a renoncé au bout de 200 pages Dures la violence la pauvreté de ces miséreux à la recherche d'une terre promise. Écriture banale, "lourde" à l'image de roman choral.
Très belle réflexion sur les phénomènes de colonisation, étudiant les trajectoires individuelles. D'un côté les "indigènes" : animaux humains conscients de l'être, à quelques exceptions près, en harmonie avec leur terre, les saisons, la faune, la flore. De l'autre côté, les colons migrants - bêtes humaines charriant leur dieu crucifié couvrant leurs exactions, pris dans de grands mouvements de fond, mais aussi poussés par leurs fantasmes, la famine, les maladies, la déchéance sociale, où les colons d'une vague peuvent devenir les indigènes bousculés par la vague suivante. En suivant ces destins individuels, en faisant une totale abstraction de tout contexte historique et géopolitique, en brouillant la carte des couleurs de peaux, d'yeux et de cheveux, ce roman nous offre une réflexion universelle sur les migrations, sur la colonisation massive d'un continent par un autre. Plus universel encore, il nous dévoile dans sa galerie de portraits, des images très forte sur la maternité - la maternité pleine et heureuse, la maternité trahie, la maternité pervertie, la maternité forcée, la maternité infanticide, sur l'éveil du sentiment amoureux et son piétinement par la volonté des pères avec la bénédiction des prêtres, et sur toutes les tragédies qui en découlent, dont la colonisation elle-même. Un roman puissant porté par une écriture simple et expressive, toujours ancrée dans la perception de l'un des nombreux personnages qui entrecroisent leurs destins.