Manam (2019)

Elkouri Rima

Léa est institutrice. Tous les mois de septembre, elle accueille la vingtaine d’enfants qu’elle accompagnera pour la prochaine année. Chaque fois, elle brandit le dictionnaire devant eux, leur expliquant que c’est comme un coffre au trésor de vingt-six lettres. Elle leur dit qu’ils ont là tout ce qu’il faut pour raconter le monde. Même ce qui ne se raconte pas. Même les secrets qu’ils n’osent dire
à personne. Même le silence. Le secret, le silence, n’est-ce pas justement une grande part de l’héritage que Léa a reçu de sa Téta, sa grand-mère tant aimée, qui vient de mourir à cent sept ans ?
Dans la maison de Téta, aux allures de quai de gare, le repas commençait mais ne finissait jamais, la cousine débarquée d’Alep y croisait le neveu de New York ou l’amie de Marseille, tout ce beau monde s’alignait sur le mobilier kitsch, fumait le narguilé, riait aux éclats, mangeait beaucoup trop, prenait des nouvelles des « enfants », ainsi nommés même à quarante ans. Mais il était un sujet dont Téta refusait de parler. Au début du siècle dernier, presque toute la population de Manam, où vivait sa famille, a trouvé la mort, soit sous les coups de l’armée turque, soit sur la route de l’exil vers la Syrie.
Comment sa grand-mère et les siens avaient-ils survécu au massacre ? Dès que Léa lui posait la question, sa Téta, d’ordinaire si volubile, changeait de sujet : « Le Canadien sera éliminé en cinq ou en six, à ton avis ? »

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A propos de l'auteur :

Elkouri Rima :

Née à Montréal, Rima Elkouri est journaliste et chroniqueuse à La Presse. Lauréate du prix Jules-Fournier du Conseil supérieur de la langue française, elle a publié Pas envie d’être arabe (Somme toute, 2014). Manam est son premier
roman.

Photo : Alain Roberge

La maison d'édition :

Boréal :

Les Éditions du Boréal sont une maison d’édition canadienne, basée à Montréal, qui publie en langue française de la littérature générale. La maison a été fondée en 1963 par un groupe d’historiens. Ne publiant d’abord que des essais, le Boréal s’est développé au cours des années 1980 en éditant de…

3|5
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  • Patrizia
    15 novembre 2020

    Le sujet du récit est le génocide du peuple arménien. Je crois que ce sont les pages des romans comme Manam, plutôt que celles des livres d’histoire à nous raconter cette tragédie. Mais, a-t-on le droit de déterrer les souvenirs que les survivants ont soigneusement cachés? C’est la question qui se pose Léa lors qu’elle parvient à retracer la fuite de sa grand-mère de son Pays natal, l’Arménie au temps du génocide, secret qu’elle a bien gardé jusqu’à la fin. La lecture du roman est agréable, il n’y a qu’une fausse note à la fin du livre : un récit dans le récit qui n’a vraiment pas raison d’être dans la structure du roman. Patrizia - Groupe esprit livre - Turin

  • Paola - Groupe Esprit Livre - Turin
    21 décembre 2020

    Les lieux du génocide arménien parcourus par une petite-fille à la recherche des racines de sa grand-mère. Le sujet est – hélas- mal connu et même un peu oublié, il est donc important d’en parler. Mais j’ai trouvé bien peu original le moyen choisi pour le faire : l’énième petite-fille sur les traces de l’énième grand-mère. Combien de romans avons-nous lus ainsi structurés ? Pour ce qui est du roman lui-même, bien qu’intéressant et documenté, je l’ai trouvé un peu confus, mélangeant un peu trop – à mon avis – les différents plans de l’histoire. J’ai trouvé en plus totalement gratuit et forcé l’évènement final qui n’a rien à voir avec le reste.

  • Lauriane Arnaud
    3 janvier 2021

    Récit intéressant qui nous embarque au coeur de l'orient, de ses paysages, de sa culture, de ses habitants. Construction assez classique qui mène Léa à la recherche de son passé et nous permet de découvrir cette page de l'histoire turque et arménienne qui a coûté la vie à des milliers de personnes.

  • Marie-Hélène Mennessier
    17 janvier 2021

    La narratrice qui vit au Canada part sur les traces de sa grand mère décédée (sa Teta) qui vont l'emmener en Turquie et si la guerre n'était présente elle serait allée jusqu'à Alep où la famille de sa grand mère arménienne s'était réfugiée après le génocide. Sa grand mère a ensuite émigré au Canada. Elle va, accompagnée de son guide, rencontrer des personnages et des lieux qui vont lui permettre de retracer la route de sa Teta qui ne parlait que très peu de son vécu. En toile de fond, la guerre en Syrie où vivait le frère de sa grand mère qui lui n'avait pas souhaité la rejoindre au Canada Le style peut parfois s'apparenter à un reportage journalistique. Facile à lire, l'écriture est parfois un peu plate. Un roman fort et douloureux  qui permet d'appréhender et de mieux comprendre cette tragédie. Un roman sur la quête des origines et le poids de la mémoire dont il faudra bien se délester pour vivre (belle métaphore de la jarre que l'on porte, du début du roman et que l'on retrouve à la fin). Martine C.

  • Marie-Hélène Mennessier
    17 janvier 2021

    Rappel de la réalité du génocide arménien. Retour sur les pas de sa grand-mère. Se lit facilement, peut-être trop . Ne va pas au fond. La fin avec la mort accidentelle de son accompagnateur est un peu décevante. Belle description de cette grand-mère . Encore une femme battante !

  • Dima
    21 janvier 2021

    Un roman qui tient par son thème important, le genocide arménien et je n’ai pas lâché ma lecture. La petite histoire est assez classique et peut être un peu bâclée . L'écriture est simple et la lecture aisée .

  • cchristine
    21 janvier 2021

    On aime Rima Elkouri la chroniqueuse mais ce premier roman n'est pas à la hauteur de ses chroniques. C'est bien écrit évidemment mais l'histoire de Léa n'arrive pas à faire le lien entre les portraits d'autant qu'il manque le contexte historique. Et que dire de cette fin décevante qui semble avoir été rajouté pour "faire roman"

  • christian legrand
    29 janvier 2021

    Cette fiction nous raconte le drame du génocide arménien en 1915. Léa mène son enquête et chaque rencontre est l’occasion d’un retour dans le passé, alternance entre le vécu ici et maintenant et les souvenirs et anecdotes. L’écriture est fluide, rythmée., la première partie envoûtante. Il y a une acceptation de ce qui arrive « son heure était venue, ont dit ses enfants. C’était son destin » (le mektoub). Cette acceptation de ce qui arrive permet de transcender les pires horreurs et autorise l’humour : « ...et j’écoute mes disques de Fairouz. Enterrer le bruit des bombes en l’entendant chanter Ana la habibi, c’est magique... ». Cette fiction est travaillée comme un récit vécu ; l’accident de voiture final est plutôt malvenu dans cette fluidité comme conclusion de la relation Léa/Sam. (Note : 4,5)