A 14 ans, en 1984, le narrateur, Thomas Bentley, apprend de sa mère que son père selon l’état-civil n’est pas son père naturel. Quant à l’identité de celui-ci, elle prétend ne pas s’en souvenir: étreinte fugitive prétend-elle, erreur ou plaisir de jeunesse… Du coup, bien sûr, le garçon secoué par cette révélation va se lancer d’abord dans des rêveries et des questionnements longtemps stériles. Puis, à compter de l’apparition de quelques photos et indices, et surtout d’un aveu de sa mère à l’occasion d’une exposition de photos d’un certain Grégoire Tollian, il va se lancer dans une véritable enquête qui le conduira jusqu’en Asie. Son père Grégoire (Krikor) Tollian, Français d’origine arménienne, fils d’un résistant victime des nazis, photographe de guerre durant la guerre du Vitenam, a disparu en 1970 au Cambodge.
De relais en relais, d’une vieille dame qui reconnaît en lui les traits de son fils disparu à un ancien reporter au Vietnam, en passant par le directeur de l’agence pour laquelle il travaillait, le narrateur remonte dans le temps et découvre la personnalité complexe de ce père, témoin fasciné des convulsions de la seconde moitié du vingtième siècle. En fait, la plupart des pièces du puzzle se trouvaient en France. Cependant la dernière, énigmatique, lui est livrée en Chine, en 1996, par un Vietnamien, Phuc Doan, qui lui laisse entendre que Grégoire Tollian a peut-être choisi une autre vie – alors même qu’il savait la mère de Thomas enceinte. Celui-ci accepte cette hypothèse, et se tourne vers la jeune femme, enceinte de lui, qui attend son retour en France.
J’ai aimé ce livre tres bien écrit et documenté pour l’humilité et la bienveillance des personnages, pour sa construction qui pousse la curiosité du lecteur toujours plus loin, mais surtout pour l’hommage rendu, mettant dans la balance les notions de providence et de hasard, d’engagement et de passion.