Lauren, étouffée par le silence d’une bourgade du Kansas, part se réfugier à New York après une fusillade meurtrière dont elle est injustement accusée. Aaron, héritier d’un empire mafieux à la mort de son père, peine à mettre ses ressources au service de ses victimes. Émilie, talentueuse interprète aux Nations-Unies, perd la parole à la suite d’une simple erreur de traduction. Nathaniel, star planétaire, décide de disparaître pour fuir ces superproductions qui le consument. Aashakiran, une intouchable née dans un bidonville de Mumbai, cherche son avenir à travers l’oculaire d’un télescope, jusqu’à oublier ses origines. Leurs histoires se chevauchent. Leurs exils les rapprochent.
Renaud Rodier s’impose, grâce à ce premier roman, comme le formidable cartographe d’une génération en déshérence. Ode à l’audace, à la résilience et à la recherche de soi dans un monde en constante transformation, Les Échappés transcende les frontières et voit dans nos blessures les plus intimes quelque chose d’universel.
Très bon roman et belle découverte. Le prologue peut en déconcerter certains, qui nous décrit les angoisses d’un homme vivant sur un pont immense et qui perd ses souvenirs à mesure qu’il se déplace sur ce pont qui n’en finit pas d’être pont. Mais le corps du texte est fascinant, à la fois par la galerie des personnages hauts en couleurs et par la construction du roman qui les fait se croiser, se perdre et se recroiser. Tout est histoires de fuite, de refus, d’émancipation et de reconstruction. C’est brillant et foisonnant, envoûtant et obsédant. L’écriture fluide et maitrisée ne gâche rien au plaisir de partager le destin de tous ces beaux personnages.