L’âge de détruire (2023)

PEYRADE Pauline

J’entends ma mère qui entre dans la chambre. Ses pas sont lents. Elle marche sur la pointe des pieds. Elle effleure
les barreaux de l’échelle, suit le bord de la couchette du haut jusqu’au milieu du matelas. Je me terre dans l’angle.
Elle grimpe sur le rebord du lit, plie son coude autour de la barrière, elle se tient, le corps tendu dans le vide. Je
sens ses yeux, ils scrutent les reliefs à travers le garde-corps ajouré. Elle tâte la couette à ma recherche. Quand elle
me trouve, ses doigts se referment, ils tentent d’identifier leur prise. Une masse de cheveux, une fesse, un talon.
Sa main s’arrête sur mon épaule. Elle reste là, sans bouger.

  • - Année de publication : 2023
  • - Pages : 160
  • - Éditeur : Minuit
  • - Langue : Français

A propos de l'auteur :

PEYRADE Pauline :

Pauline Peyrade est née en 1986. Elle est l’auteure de quatre pièces de théâtre aux Solitaires intempestifs –
jouées et traduites en sept langues. Elle a reçu le prix Bernard-Marie Koltès pour Poings en 2019 et le Grand
Prix de Littérature dramatique Artcena pour À la carabine en 2021. L’Âge de détruire est son premier roman.

©Zazzo

La maison d'édition :

Minuit :

Les Éditions de Minuit ont été fondées durant l'Occupation allemande par Jean Bruller et Pierre de Lescure. Leur premier ouvrage édité est Le Silence de la mer de Vercos (pseudonyme de Bruller) et ils éditeront en tout 25 œuvre de résistants jusqu'à la Libération. La maison d'édition est perçu comme…

4|5
6 avis
9 Commentaires
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  • Agnès
    3 juillet 2023

    Premier roman de la saison. Je l'ai fini car court, mais glauque et malaisant : encore une histoire d'inceste, de viol et violence. L'année de lecture commence bien.

  • ELISABETH AUGUSTA
    4 juillet 2023

    C'est une histoire simple: une famille monoparentale, la mère, la fille Elsa, qui est la narratrice du récit. C'est une sale histoire: la mère à la dérive est détraquée, violente, incestueuse, et garde Elsa sous emprise. C'est aussi l'histoire de la libération de cette aliénation. La construction est en diptyque: Age Un (L'Age de détruire) - Age deux, l'âge de l'affranchissement. Texte court, 140 pages, à l'écriture vigoureuse, efficace: phrases courtes, récit majoritairement au présent, dialogues insérés dans le cours du texte sans marque typographique. Beau travail formel. La force de ce récit sensible et sensuel vient de la mise en place d'un huis-clos angoissant et sordide, dont la violence affleure à petites touches, sans pathos, sans filtre non plus, sous le regard naîf mais impitoyablement précis d'Elsa. Une lecture poignante, destinée, probablement, à un lectorat averti.

    • Agnès
      9 juillet 2023

      Des goûts et des couleurs...

  • Isalit
    21 septembre 2023

    Récit relativement violent, en deux parties correspondant à deux âges de la narratrice (7 et 27 ans) sur une mère toxique et incestueuse. Ce huis clos est à la fois étouffant et angoissant

  • pbuffaz
    9 octobre 2023

    Remarquablement bien écrit, ce roman est pourtant cause de ma nausée depuis que je l'ai fini. Impossible de me concentrer le lendemain au travail et le soir suivant, je me trouve achevée... Je n'ai pus de corps. Je titube comme lorsque j'étais sortie de la projection de Mélancholia. Horrible. Détruire, briser, instituer, casser, tuer. Donner la vie et en extraire toute la substance. Ne jamais lâcher et toujours rabattre, être maître. L'inceste maternel est inimaginable. Je crois que je n'ai jamais lu autant de violence. L'inceste est une arme qui fabrique des morts vivants ou des vivants morts. Le reste de sa vie est alors consacrée à une seule chose au fond : lutter au quotidien pour ne pas reproduire cette violence, ou alors rabattre sur soi pour ne pas détruire d'autres vies que la sienne. C'est un combat permanent lorsqu'on a été élevé.e dans ce climat-là. Et cela, Pauline Peyrarde l'a très bien écrit. Périne @les_critiques_minute

  • Paola - Groupe Esprit Livre - Turin
    25 octobre 2023

    Encore une histoire d’une fille sous l’emprise de la mère. Durant ces années de lecture, nous avons eu droit souvent à des histoires de ce genre. Ici on a en plus l’inceste. Personnellement, je n’ai trouvé ce roman ni particulièrement troublant ni particulièrement violent (on a lu bien pire !) À mon sens, il n’y a rien de vraiment développé, tout reste à l’état d’ébauche, en revanche le récit est truffé de détails inutiles. En plus, j’ai trouvé que le langage et les ressentis exprimés dans la première partie du livre (Age Un) ne sont en rien adaptés à une fillette de 7 ans. C’est une adulte qui parle, pas une enfant. Finalement, j’ai refermé ce livre avec le sentiment de quelque chose d’inachevé.

  • Patrizia
    5 novembre 2023

    Roman troublant. La douleur est cachée dans les pages du livre, on ne peut pas la lire, il faut la supposer. L’écriture essentielle et la description détaillée des événements ont crée une tension tout au long du roman. J’ai vraiment apprécié le style et la stratégie adoptée pour construire le récit.

  • Massimo Groupe Esprit livre - Turin
    7 novembre 2023

    Il s'agit d'une histoire de violence familiale, une mère incestueuse et sa fille de sept ans dans la première partie, et les deux femmes vingt ans plus tard quand finalement Elsa, la fille, va déménager. Si le but de l'auteure était d'écrire une pièce en deux actes alors elle l'a accompli. Elle a aussi fait le travail du scénographe car l'appartement où la pièce se déroule est décrit avec des détails minutieux et je dirais même inutile par rapport à l'histoire. Ça serait réussi, bien entendu, si les acteurs mettaient un peu de caractère dans leurs rôles respectifs, qualité qui manque complètement dans le roman. Les personnages n'ont pas de profondeur et ce que j'ai retenu de la lecture c'est un sentiment de suspendu et d'inachevé.

  • Christian L
    11 décembre 2023

    Huis clos entre une mère et sa fille. Roman écrit à la 1ère personne par Elsa, la fille. Le roman est en 2 parties : l’âge 1 quand Elsa a 7 ans et l’âge 2 quand elle en a 30. Dans cette relation mère/fille ambivalente « je t’aime, moi non plus », la mère a une forte emprise sur sa fille, se permet occasionnellement des sévices et attouchements sexuels quand elle est enfant.. On sent la tension permanente, la crainte d’Elsa, même adulte, quant aux réactions de sa mère, fragile psychologiquement. Le roman est bien écrit, dommage que l’autrice face parler Elsa, à 7 ans comme une adulte. L’objet du roman est focalisé sur la relation mère/fille, toxique pour la fille avec une mère qui la culpabilise ; Elsa est noyautée dans cette relation, on ne sait rien de sa vie, rien de son métier, ni de ses relations...je ne suis pas sûr que le dénouement libère Elsa. Je pense que l’autrice a la capacité d’approfondir d’autres sujets, de les zoomer en évacuant tout le contexte (j’appelle ça des romans hors-sol)