À Villeneuve-les-Granges, on n’aime pas trop les changements. Alors quand le remplaçant du bon docteur Leroy ne se montre plus aussi compréhensif que son prédécesseur, bien sûr, on en conçoit de l’humeur. Une humeur mauvaise qui, de ragots en coups bas, de lettres anonymes en tentatives d’assassinat, déclenche un engrenage fatal dont les premières victimes ne seront pas celles qu’on croit… Auteur-illustrateur bien connu pour ses albums et ses bandes dessinées, Bruno Heitz signe ici son premier roman pour adultes, dans la droite ligne d’Un Privé à la cambrousse et des Dessous de Saint-Saturnin. C’est avec l’œil goguenard d’un Marcel Aymé qu’il se plaît à titiller son monde, un tout petit monde où, dans la France encore largement rurale des Trente Glorieuses, s’agite en tous sens la troupe en émoi des salauds ordinaires.
A propos de l'auteur :
HEITZ Bruno :
Bruno Heitz est né en 1957. A l’âge de 18 ans, il s’installe à Arles où après avoir exercé divers petits métiers (dont la retouche photo dans l’atelier de Lucien Clergue), dessiné dans la presse locale, il publie des fables animalières chez un éditeur du Vaucluse. Grâce aux bibliothèques qui lui permettent d’aller à la rencontre des scolaires, il raconte le monde de l’école dans une série de livres édités par Circonflexe. D’autre éditeurs ( Mango, Albin-Michel, Grandir, le Rouergue ou le Genévrier, Thierry Magnier, le Seuil) lui offrent l’occasion d’essayer diverses techniques d’illustration : papiers découpés, linogravure, photographie d’objets et bande dessinée. Il est l’auteur d’une série de 9 titres de bande dessinée policière, parue au Seuil , puis reprise par Gallimard en compilation « Un privé à la cambrousse ».Chez Gallimard encore, il publie trois titres de BD policière dans la série « Les dessous de Saint Saturnin ». Chez Casterman, il illustre « L’Histoire de France en BD » (Auteure Dominique Joly, 15 titres) et « L’Histoire de l’Art en BD » (Auteure Marion Augustin , 6 titres) . En 2020 Bruno Heitz écrit son premier roman, sans illustrations : « LA CIVETTE » qui est publié en 2024 par la maison d’édition « On verra bien… »
Bruno Heitz vit à Saint Rémy de Provence.
La maison d'édition :
On verra bien :
Créée en 2013 par deux bibliothécaires passionnés et chercheurs d'or bénévoles, On verra bien n'en fait qu'à sa tête et n'aime rien tant que vadrouiller hors des sentiers battus. À raison d'un ou deux livres par an, elle se constitue à vitesse réduite un catalogue éclectique, fait de belles trouvailles…
Un bureau de tabac sur la Seille, à 150 km de Lyon, dans les années 60. Une construction en boucle: Alain retrouve une sonnette de facteur dans « les boues » d’un endroit dont il exploite la terre. On entre en apnée dans un village dont les habitants ne sont pas tous très gentils .on peut penser au CORBEAU de Clouzot . La modernité arrive par le remplaçant du « bon » docteur qui a lâché le village … Une écriture agréable et très visuelle.
L’histoire rocambolesque et cruelle, racontée en préface et en italiques par le descendant agriculteur, d’un petit village non loin de Chalon, pratiquement disparu après les années glorieuses . La vie du village qui se concentre autour des cafés , de l’école, du docteur et de la pharmacie, met en scène un « ballet » inéluctable vers la mort provoquée ou accidentelle de plusieurs des protagonistes . Avec l’accident du cantonnier revanchard en route vers Chalon, s’ensuit la perte du nouveau docteur avec la jolie serveuse du café, du pharmacien , de l’école sans institutrice et d’autres, puis l’intervention finale de la police , sous l’oeil et les commentaires peu bienveillant des habitants ...Bref la campagne d’autrefois, du moins on l’espère ! Ce roman dense, parfaitement écrit dans un style satirique prête à rire et à pleurer devant la cruauté du genre humain, mais le lecteur qui connaît les bandes dessinées de Bruno Heitz , sait qu’il vaut mieux en rire. On s’incline devant le style maîtrisé et condensé en 176 pages ! Quel talent pour un premier roman !
2 Lectrices Qui ont beaucoup aimé l'histoire. DR LEROY qui ne distribue plus d'arrêt de travail , ni de médicaments comme son Prédécesseur . Beaucoup d'humour goguenard dans la narration du village qui se ligue contre lui. livre qui s'imagine en BD
Beaucoup d’humanité,et d’humilité, dans ce portrait réaliste, parfois cruel, mais aussi bienveillant de la vie d’un village il y a une soixantaine d’années .Comme il s’agit aussi des environs de Lyon, comment ne pas penser à « Clochemerle », . J’ai passé un très bon moment, émouvant et drôle, en compagnie de tous les protagonistes..
J'ai été transportée dans ce petit coin de campagne, les personnages sont truculents, l'humour grinçant, le style au service de son propos. Je me suis sentie tout aussi concernée que les habitants par les différents enjeux exposés, je me suis prise d'amitié pour certains, j'en ai détesté d'autres. Ce roman est vraiment une petite pépite
Commentaire de Clément Au départ, je me suis plongé dans La Civette sans grande conviction charmé par une première de couverture d'apparence aussi ordinaire qu’énigmatique. Pourtant, j’ai fini par être totalement absorbé par cette œuvre, incapable de m'en séparer avant d’en avoir tourné la dernière page . L’auteur a réussit à transformer des drames de village en un récit captivant, oscillant entre cruauté et ironie. Les personnages sont hauts en couleur, et les situations, parfois absurdes, peignent une fresque satirique d’une société rurale aussi drôle qu’impitoyable.