Tripode

Lorsque, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, on demanda à Francis Ponge pourquoi il avait préféré écrire sur une forêt (Le Carnet du bois des pins, éd. Mermod, 1947) au lieu de rédiger comme les autres poètes des manifestes sur la Liberté, il répondit, tranquillement, que son ambition était de concevoir des bombes à retardement, et non des mitraillettes. Le Tripode reprend pour lui cet état d’esprit. Depuis ses débuts*, la maison d’édition est au service d’auteurs dont elle admire la seule liberté possible : privilégier la sensibilité aux doctrines, le cheminement dissident de l’imaginaire à l’immédiateté du discours. Le lyrisme de Jacques Abeille, l’exigence de Robert Alexis, l’irrévérence d’Edgar Hilsenrath, l’iconoclasme d’Andrus Kivirähk, l’espièglerie de Jacques Roubaud, la virtuosité de Juan José Saer, le désir sans limite de Goliarda Sapienza, la rigueur de Jonathan Wable, la lucidité de Louis Wolfson ou encore la fantaisie de Fabienne Yvert… voici quelques-uns des regards qui, de façon salutaire, nous sortent de la marche ordinaire du monde.