Ce qui nous sépare (2016)

Collongues Anne

Un soir d’hiver, dans un RER qui traverse la capitale et file vers une lointaine banlieue au nord-ouest de Paris, sept passagers se retrouvent dans une même voiture. Chacun est plongé dans ses rêveries, ses souvenirs ou ses préoccupations.La blonde et jeune Marie au caban rouge est montée dans le train comme on fuit le chagrin, après avoir laissé son numéro de portable à la baby-sitter. Alain vient de s’installer à Paris et s’apprête à retrouver sa fille qu’il n’a plus vue depuis plusieurs mois. Cigarette doit son surnom à sa minceur et au bar-PMU que tiennent depuis toujours ses parents, qu’elle aide en ce moment. Chérif rentre dans sa cité après sa journée de travail dans les espaces verts de la ville de Paris, mais il a de bonnes raisons de craindre la confrontation avec son frère. La jolie Laura prend comme tous les mardis le chemin d’une clinique, pour rendre visite à un jeune homme dans le coma. Liad vient d’arriver de Tel-Aviv, il a choisi Paris comme destination pour le voyage que s’offrent traditionnellement les jeunes Israéliens à l’issue de leur service militaire. L’acariâtre Frank s’est fait retirer son permis et doit emprunter les transports en commun qu’il déteste pour rejoindre dans son pavillon de banlieue une épouse qui lui parle moins qu’à sa perruche. Le temps du trajet, ils se côtoient et s’observent, se jaugent ou s’évitent. Ce qui les sépare, c’est la somme d’inquiétudes et de regrets qui tient chacun d’eux isolé des autres, derrière le mur de l’introspection. Pourtant s’ils ont bien quelque chose en commun c’est justement cette propension à refaire une vie en une heure, à dresser l’inventaire de ce qui n’a pas marché comme ils l’auraient voulu, les yeux dans le vague glissant sur de mornes décors de banlieue floutés par la buée sur les vitres. D’une séquence à l’autre, un détail visuel convoque une idée ou une réminiscence comme au cinéma un gros plan appellerait un flash-back. Attentive et bienveillante, Anne Collongues fait tourner la lanterne magique de l’existence et livre avec Ce qui nous sépare un premier roman subtil aussi juste dans l’analyse psychologique de ses personnages qu’émouvant dans la représentation de leur beauté banale. Ce qui les sépare, c’est finalement ce qui les rapproche : cette humanité bouleversante qui fait de chacun d’eux un petit monde accomplissant sa modeste révolution, une destinée minuscule qui, au fil de ce trajet dans la nuit des cités dortoirs, va connaître sa modification

  • - Année de publication : 2016
  • - Pages : 176
  • - Éditeur : Actes Sud
  • - Langue : Français

A propos de l'auteur :

Collongues Anne :

Née en 1985, Anne Collongues a grandi en banlieue parisienne, entre terrains vagues et paysages impressionnistes. Ses cinq années d’études à l’école des beaux-arts de Paris ont été ponctuées de voyages, notamment un semestre à l’école d’art de San Francisco. Après trois ans passés à Tel Aviv, où elle a exercé divers petits métiers, elle est rentrée en France en 2012 et vit désormais à Paris. Photographe, elle publie avec Ce qui nous sépare son premier roman.

Crédit photo : Ori Bahat

La maison d'édition :

Actes Sud :

Créées en 1978, dans un village de la vallée des Baux, par Hubert Nyssen et sa femme, Christine Le Boeuf, bientôt rejoints par les autres fondateurs, Françoise Nyssen, Bertrand Py, Jean-Paul Capitani, les éditions Actes Sud développent une politique éditoriale généraliste.

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4 avis
9 Commentaires
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  • fauquembergue isa
    5 novembre 2016

    Même si le lecteur n'est pas un habitué des transports en commun, il est happé par ce récit, il partage avec les protagonistes ce trajet. Le roman nous plonge dans les pensées et les vies de chacun. A l'arrivée, le lecteur est assommé. J'ai vraiment beaucoup aimé.

  • fauquembergue isa
    5 novembre 2016

    Je tiens à ajouter que la construction mérite des éloges. elle a réussît à rendre passionnant ce voyage en TER.

  • sylvianesetif
    31 décembre 2016

    Roman à lire d'une traite : récits de vies, pensées des uns et des autres, petites phrases et grand déballage. Le ton général n'est pas optimiste, mais il n'est pas pesant, le lecteur rentre dans chacune des vies et devient comme un confident, chaque passager du RER se livre petit à petit. Puis leurs destins d'abord bien séparés finissent par s’emmêler sans jamais se rejoindre. Un roman fort. Magnifique.

  • Giuseppa Maria
    22 janvier 2017

    Dans le compartiment d'un RER un soir d'hiver, sept personnes inconnues les unes aux autres, traversent la banlieue nord-ouest de la capitale. Dans leurs wagon chacun dans ses pensées se raconte sa propre histoire. Personnages anonymes, regardant derrière les fenêtre du wagon des autres inconnus dans leurs maisons. Malgré cela, les personnages ont un point commun: l'envie de changer leur vie, de ne pas arrêter ce voyage pour ne pas se confronter à la réalité. L'auteur nous devoile ainsi l'intimitè de chacun d'eux avec sensibilitè et compassion

  • Paola - Groupe Esprit Livre - Turin
    27 janvier 2017

    Dans la rame d’un RER lancé vers la banlieue Nord-Ouest parisienne, sept passagers se croisent, se frôlent, se voient sans se regarder, chacun d’eux plongé dans ses propres pensées. Impossible résumer en quelques mots le vécu de ces personnes, on réécrirait le roman. Il vaut mieux s’en abstenir, l’original est tellement bien écrit ! Quoi de plus intime et en même temps impersonnel qu’un wagon du RER ? On jette un regard indifférent autour de soi, affichant une masque visant à tenir les autres à distance, surtout ne pas être dérangé. C’est à peu près l’attitude que chacun de nous adopte dans les transports en commun. Et pourtant. Nos voisins ont eux aussi une vie, une histoire, douloureuse peut-être, décevante, ou, si ça se trouve, heureuse, satisfaisante ; des peines d’amour, des soucis au travail, des chagrins en famille… Nous aussi nous sommes à bord de cette rame, et, très discrètement, nous avons le privilège d’accéder aux pensées les plus intimes de ces sept voyageurs, et nous nous reconnaissons, car ces anonymes nous ressemblent. Dans l’humanité, dans les monologues intérieurs, dans la solitude au milieu de la foule, dans la capacité de réagir aux adversités ou de se laisser submerger par l’angoisse, dans le regard anxieux, triste ou plein d’espoir posé sur son existence. La grâce avec laquelle l’écrivain a esquissé ses personnages m’a touchée, ainsi que l’écriture, toute en finesse et empathie, accompagnant le long voyage dans la nuit froide de ces différentes destinées. En refermant ce livre, j’ai ressenti un peu de tristesse et j’ai eu de la peine à abandonner à leur destin tous ces personnages très attachants. Que sont-ils devenus ? Un très beau moment de lecture.

  • Patrizia
    30 janvier 2017

    "Ce qui nous sépare", pourquoi Anne Collonge à choisi ce titre pour son roman? C'est une question que j'aimerais lui poser. Tout d'abord j'ai bien apprécié le récit. Je l'ai lu comme histoire collective. La rame du RER c'est la scène, sept voyageurs qui montent chacun à son tour sont les protagonistes d'un voyage d'introspection psychologique qui nous conduit À réfléchir sur la solitude, la fatigue de vivre, l'incapacité de se rapporter aux autres et d'exprimer les sentiments ou partager les chagrins grands et petits avec la famille ou les copains. Quoi de mieux du RER qui parcourt Paris d'une banlieue à l'autre pour représenter une Société, la notre, que c'est une somme de solitudes, finalement c'est une communauté qui se déplace chaque jour et qui ne partage pas seulement un espace mais aussi un style de vie. Sept personnages qui meditent autour leurs chagrins, leurs espoirs et leurs rêves brisés dans l'espace d'un voyage et Anne Collonge qui les suit en douceur, sans juger, presque avec une petite caresse pour chacun.

  • BA
    9 février 2017

    dans la monotonie d'un trajet RER, plusieurs personnages attachants se croisent, se regardent et repartent ; Nous partageons ces instants, le temps d'une pensée, d'une rêverie en lien avec leur histoire passée ou à venir

  • Paola - Groupe Esprit Livre - Turin
    9 février 2017

    Auteur du commentaire : Fabrizio - Esprit Livre - Turin Sept personnages, qui ne se connaissent pas et ne se parlent pas, voyagent dans le RER vers la banlieue de Paris. L’auteur entre en profondeur dans la psychologie de ces hommes et de ces femmes, qui ont tous une histoire, une mentalité, un caractère différent, et sculpte avec peu de coups, pas de ciseau mais de plume, la personnalité de chacun. Les histoires sont pour la plupart mélancoliques, le mal de vivre est presque constant : Alain et Laure sortent d’une tragédie, Cherif l’a provoquée, Marie voit sa vie se désagréger, Cigarette – par paresse ou par peur – ne l’a pas vécue, Frank s’est aliéné l’affection de sa femme et de ses enfants à cause de son mauvais caractère, seulement Liad n’a pas un passé et un présent qui l’accablent, et regarde avec confiance à son avenir. À propos de ce qu’il arrivera au sept personnages quand ils vont descendre du train, on peut seulement faire des hypothèses qui dépendent - mais dis donc ! – de l’histoire, de la mentalité, du caractère du lecteur. Car c’est un livre qui amène le lecteur même à faire des bilans, mais le fait avec une empathie libre de jugement, qui n’angoisse pas, mais rend mélancolique, peut-être. On a du mal à croire que ce très beau roman est l’œuvre d’une jeune fille de trente ans, telle est la maturité de la pensée et de l’écriture. Mais ensuite on se souvient que Thomas Mann a écrit « Les Buddenbrooks » à 26 ans, et alors on comprend qu’on peut bien écrire « Ce qui nous sépare » a 30 ans, pourvu qu’on ait un grand talent ; et à Anne Collongues le talent ne fait pas défaut. Est-ce-qu’ on peut espérer d’elle un grand roman choral à la manière du XIX°/XX° siècle? Courage, vous êtes la personne douée pour l’écrire.

  • Carla Esprit Livre - Turin
    16 février 2017

    À travers les sept personnages de “Ce qui nous sépare”, Anne Collongues esquisse le kaléidoscope des sentiments des passagers de tous les RER: l’amour, la tendresse, la solitude, l’égarement, la maladie, la trahison, la déception qui les accompagnent dans les voyages de la vie et ressortent des pages avec délicatesse. Un premier roman original qui en plus modernise “l’expression” Paris, métro, boulot, dodo!!!